Pour faire suite au premier article “Art Dogon, spiritualité et finesse”, j’aimerai évoquer, dans cette deuxième partie sur l’art Dogon, d’autres aspects de cette culture. L’art côtoie, cette fois-ci, le quotidien, mais celui-ci est toujours emprunt de symbolisme religieux et, codifié socialement au fil du temps par les migrations et les échanges avec d’autres cultures.
L’art Dogon, nous offre une grande diversité, une incroyable créativité, et une certaine complexité qui, pendant longtemps a été considéré, à tort, comme un continuum* culturel.
PEINTURES RUPESTRES :
L’art rupestre Dogon, frappe par le dynamisme de son expression et sa vivacité.
C’est en 1907, que Louis Desplagne, suite à une expédition dans la région de Bandiagara, découvre la splendeur des peintures rupestres. Il amorce, dans son livre “le plateau central nigérien”, une première étude de cet art rupestre. La collecte qu’il effectua alimente aujourd’hui le musée du Trocadéro à Paris.
Peintures rupestres Dogon
SCULPTURE :
Les centres artistiques des Dogons se situent essentiellement dans les villages Bandiagara, Sangha et Ireli.
Ce qui fait la particularité des sculptures Dogon, en tout cas pour les plus anciennes d’entre elles, est la forme oblongue* et aussi qu’elles aient les bras tendus vers le ciel. Même si nous ne savons pas exactement la signification de ce geste, il pourrait s’agir d’un geste de prière pour appeler la pluie par exemple.
Sculpture dogon
Elles sont recouvertes de gruau de mil, de bière et de sang sacrificiel ce qui donne à la patine cet aspect crouteux.
Comme nous l’avons vu précédemment, elles comportent à la fois des éléments féminins et masculins car, pour les Dogons l’hermaphrodisme donne une certaine puissance vitale.
Sculpture dogon
L’art Dogon se manifeste aussi dans les masques de danse très élaborés. Soit anthropomorphes (visage humain) ou zoomorphes (représentant buffles, antilopes, lièvres, hyènes, lions, serpents, singes…), ces masques peuvent atteindre une hauteur de plusieurs mètres. Ils représentent pour certain l’ancêtre mort.
Masque zoomorphe de singe
Masques anthropomorphes
Masques de cérémonie
Masques de cérémonie
ARCHITECTURE :
L’architecture Dogon a pour spécificité, l’implantation courante des villages à flan de falaise, leur accès est rendu possible par les chemins escarpés qui empruntent les failles des plateaux ou d’autres chemins plus accessibles.
Village “Ireli” à flan de falaise – Mali – Pays Dogon
Les cases traditionnelles sont organisées autour d’une cour.
Les greniers appelés “gôh”, eux, ont une architecture spécifique selon leur fonction, le rang et le sexe de leur propriétaire.
Les greniers destinés uniquement aux hommes appelés le “gôh karï” est lui, en général plus important que celui destiné aux femmes. Il sert à conserver le mil, il est toujours divisé en 3 parties.
Grenier dogon avec son volet sculpté
Les greniers destinés aux chefs de lignage, appelé le “gôh anan”, est le plus grand et fait d’un seul bloc. Il sert à conserver les récoltes des champs collectifs, anan signifiant village. Il est descellé lorsque survient une sècheresse ou lors de la cérémonie appelée “Dama”.
Le “gôh pôron” qui est aussi sous la responsabilité du chef de lignage lui, dispose d’un muret central.
Le gôh nân peut appartenir soit à un homme ou à une femme, il est construit sur deux étages, il dispose de quatre compartiments par étage. Il sert à la conservation des céréales, il peut parfois servir de coffre fort et renfermer des objets précieux pour le propriétaire.
Village dogon avec ses greniers
Le grenier spécifique aux femmes lui, renferme surtout des condiments et parfois différents objets aussi.
Les portes et les volets de ces greniers sont souvent sculptés de manière minutieuse et stylisée, les motifs représentant souvent les ancêtres
Portes sculptées dogon
Volet de grenier sculpté
LE TISSAGE :
“Dans le métier à tisser, construit à l’image de l’univers, la poulie est au centre, face au tisserand. L’action des pieds fait chanter l’axe de la poulie, c’est la Parole primordiale.”videothèque.cnrs.fr
Tisserand dogon
On distingue trois sortes de tissage traditionnel caractérisés par des motifs spécifiques.
Métier à tisser
La première, se situe dans la falaise, dans le village Yawa et sur le plateau dans le village de Koundourou. Elle se caractérise par la fabrication de laizes écrues en coton sans aucun motif.
Poulie de métier à tisser
La seconde se situe dans la plaine du Seno, dans le village de Logo et se distingue par un tissage des laizes avec des motifs à rayures écrues ou teintées d’indigo, la fibre utilisée est la soie ou la fibre extraite de fruits. Elle est destinée uniquement à la fabrication de pagnes féminin. Chaque motif a un message ou une signification particulière.
Etoffe traditionnelle tissée dogon
La troisième, se situe dans la région Pignari, dans le village Tangadouba et Pigna. Les motifs sont obtenus grâce à des trames supplémentaires, lancées bleues, teinture indigo sur fond écru. Ces tissages sont destinés à la confection de couvertures dans le cadre de cérémonies religieuses. Les plus vieilles sont datées entre le XIème et XIIème siècle de notre ère.
En conclusion, on constate un art époustouflant, vif, créatif et unique qu’il soit religieux ou du quotidien, il recèle une identité unique dans le paysage de l’art africain.
On remarque une incroyable imbrication entre la fonction d’un objet, la signification qu’il renferme et la forme esthétique qui en découle.
Je termine ce voyage en pays Dogon avec un sentiment de fascination, touchée par la finesse et la sagesse de l’art Dogon.
Définition :
*Continuum : ensemble d’éléments entre lesquels le passage est continu.
*Forme Oblong : le terme oblong désigne une forme qui est plus longue que large et dont les angles sont arrondis.
Sources :
wikipedia.org,videotheque.cnrs.fr
laize: bande de tissus large
splendide la porte sculptée, je verrai bien un petit coffret sculptée de cette manière; coffret à bijoux, coffret de sommelier ou coffret garni de velours rouge pour garder une bouteille précieuse d’un bon whisky
yes good idea!!!