« Créer c’est un don, c’est inné, il faut s’y connaître »… Voilà ce qu’on entend souvent autour de nous lorsque nous présentons nos travaux. Et bien cet article va vous prouver qu’il ne faut pas forcément avoir une culture artistique, ni un don particulier pour faire de “belles choses”, mais juste “l’envie de se faire plaisir” et pourquoi pas “l’envie de le partager avec les autres”.
Nous allons vous raconter l’histoire d’un facteur qui a rêvé de se construire un palais imaginaire, de faire de son rêve une réalité. Pourtant il n’avait pas de connaissances particulières artistiques ni architecturales, peut être juste en tête les images souvenirs des monuments sur les cartes postales qu’il distribuait pendant sa tournée.
Découvrez la “wonderful” histoire du facteur cheval…
Joseph Ferdinand Cheval, plus connu sous le nom du facteur Cheval (1836-1924) vivait à Hauterives (France) et avait en charge une tournée pédestre quotidienne de 33km. La rêverie occupait ses longues tournées, il imaginait alors “un palais féerique”. C’est en 1879 qu’au retour de sa tournée quotidienne, il buta sur une pierre bizarre qui lui rappela alors son rêve qui sombrait peu à peu dans l’oubli. Il ramassa cette pierre, la mit dans sa poche avec l’intention de l’observer plus tard et de plus près chez lui.
Dès le lendemain, au même endroit, il remarqua d’autres pierres avec des formes encore plus singulières que la précédente, et à son goût encore plus belles ! Il se dit alors que puisque la nature pouvait “faire de la sculpture”, lui aussi pourrait en faire autant, il tira alors de ses longues rêveries les plans préparatoires de construction “de son palais idéal”!
A partir de ce moment et durant 33 ans, Ferdinand Cheval ne cessa de choisir des pierres pendant sa tournée quotidienne, les portant d’abord dans ses poches, puis dans un panier et pour finir dans une brouette.
Il passa de longues heures chez lui à mettre en œuvre son rêve, se faisant architecte, maître d’œuvre et ouvrier, passant même pour un excentrique auprès de ses voisins. Il acheva sa construction en 1912.
Les trois Géants (1895–1899) représentant César, Vercingétorix et Archimède :
« La grotte où il y a 3 géants c’est un peu de l’égyptien, en dessous on voit 2 momies que j’ai façonnées et sculptées. Ces 3 géants supportent la Tour de Barbarie où dans un oasis croissent les figuiers, les cactus, des palmiers, des aloès, des oliviers gardés par la loutre et le guépard. À la source de la vie j’ai puisé mon génie »
Ferdinand Cheval, 1911
L’évolution du palais va d’une forme organique à une organisation symétrique d’une façade majestueuse, qui n’est pas sans rappeler la manière dont Augustin Lesage aborda sa première toile.
Les pierres sont assemblées avec de la chaux, du mortier et du ciment.
Le Palais est aussi bien un hymne à la nature qu’un mélange très personnel de différents styles architecturaux puisés dans :
– la Bible (Grottes de Saint-Amédée et de la Vierge Marie, un calvaire, les évangélistes…),
– la mythologie hindoue,
– la mythologie égyptienne…
Mais il ne faut pas oublier qu’il fut facteur à une époque où se développaient les voyages et la carte postale (apparue en France en 1873, 5 ans avant le début du Palais Idéal).
Son rêve une fois achevé, Cheval souhaita être inhumé dans son palais, cela n’étant pas possible, il construisit alors son tombeau au cimetière municipal de 1914 à 1922. Il décéda le 19 août 1924.
Malgré une vie marquée par le deuil (2 fois marié, 2 fois veuf, ses enfants meurent avant lui), Cheval alla jusqu’au bout de son rêve, se créant un palais idéal, faisant de son rêve une réalité.
Indépendant de tous courants artistiques, ne relevant d’aucune technique architecturale, le Palais idéal est l’illustration de l’architecture naïve et de l’art brut*. Défendu par André Malraux.Le Palais fût classé monument historique en 1969. Ferdinand Cheval fut la source d’inspiration et d’hommages de nombreux artistes issus du courant des surréalistes : André Breton, Pablo Picasso, Max Ernst, Niki de Saint Phalle…
Je conclurai cet article sur un texte que Cheval nous a laissé, puisse t-il vous donner la force de croire en vos rêves :
« Fils de paysan je veux vivre et mourir
pour prouver que dans ma catégorie
il y a aussi des hommes de génie
et d’énergie. Vingt-neuf ans je suis resté
facteur rural. Le travail fait ma gloire
et l’honneur mon seul bonheur ;
à présent voici mon étrange histoire.
Où le songe est devenu,
quarante ans après, une réalité. »
— Ferdinand Cheval, 15 mars 1905.
Définition :
*L’Art brut regroupe des productions réalisées par des non-professionnels de l’art, indemnes de culture artistique, œuvrant en dehors des normes esthétiques convenues (pensionnaires d’asiles psychiatriques, autodidactes isolés, médiums). Dubuffet entendait par là un art spontané, sans prétentions culturelles et sans démarche intellectuelle. Dubuffet redéfinira souvent l’art brut, cherchant à le distinguer de l’art populaire, de l’art naïf, et des dessins d’enfants.
Sources :
Site officiel du Facteur Cheval
Wikipédia
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tin ça déchire!!bon je suis pas sure que mon proprio soit open pour faire pareil..mais c vraiment excellent!!super article!!