Quand tu auras peint 300 tableaux, ce jour là, la guerre finira. Puis après la guerre, tu feras 45 tableaux merveilleux et le monde sera pacifié !
Fleury Joseph Crépin, un plombier-zingueur devient médium dessinateur.
Tableau de Crépin 1940 n°83. Photo source : andre breton.fr
Né en 1875 à Hénin-Liétard (Hénin-Beaumont à ce jour, Pas-de-Calais) dans une famille de plombier zingueur, Joseph Crépin souffre de troubles oculaires de l’enfance à l’adolescence, opéré deux fois, il gardera une très mauvaise vue toute sa vie.
Portrait de Fleury Joseph Crépin. Photo source : art-maniac.over-blog.com
Il rejoint l’entreprise familiale après son certificat d’étude afin d’apprendre le métier et étudie la musique en même temps, chose pour laquelle il est très doué. A 25 ans, il compose et dirige une fanfare de trompette et de cors.
En 1901, il s’installe comme plombier-zingueur et se marie, il continue alors à jouer dans les bals pour son plaisir jusqu’à ce que la guerre éclate en 1914 ! Il ne sera pas mobilisé au front grâce ou à cause de sa mauvaise vue mais il est réquisitionné à l’arrière.
En 1920, après 6 années loin de chez lui, il rentre d’exil dans sa région qui fut dévastée par les bombardements
Hénin liétard après bombardements 14-18. Photos sources pabqt.free.fr
En 1927, sa fille ainée tombe gravement malade (folie), une telle épreuve pour lui qu’il en abandonne son orchestre.
En 1931, tout en continuant son métier, il s’intéresse à la radiesthésie et il se découvre un don pour déceler les sources d’eau. Voulant en apprendre plus, il rentre en rapport avec le cercle spiritualité de Douai et rencontre deux grands peintres médiums : “Victor Simon” et “Augustin Lesage”, sous leurs conseils il devient alors guérisseur. Il soigne par imposition des mains sur les malades ou même à distance par télépathie à l’aide de fiches.
Un soir de 1938, alors âgé de 63 ans, il perd le contrôle de sa main, alors qu’il était appliqué à copier de la musique, il se mit soudainement à tracer machinalement des petits dessins. “Une voix” venant d’ailleurs lui dit : “peint 300 tableaux et la guerre s’arrêtera”. Avec sa mauvaise vue et ne connaissant rien à la peinture, il débuta sur un cahier des séries de temples, vases et statues
Carnet de Joseph Crépin – feuille extraite de ses archives visibles au Musée LAM de Villeneuve d’Ascq.
Ensuite, dans un état médiumnique, il reporte les dessins de son cahier d’écolier sur la toile en les agrandissant si nécessaire. Sur sa droite, il voit des ombres, pour lui se sont ses anges gardiens qui viennent l’aider en lui indiquant les couleurs à utiliser. Pendant qu’il peint, il entend de la musique, il finira son 300ème tableau le 7 mai 1945 veille de l’armistice signé le 8 mai 1945 !
Tableau de Crépin 1939 n°83. Photo source : academie23.blogspot
En novembre 1947, la voix lui dit : “ tu dois à nouveau réaliser 45 merveilleux tableaux, pour obtenir la paix dans le monde”. Elle lui apprend également qu’il mourra après avoir réalisé son 345ème tableau…
Malheureusement le monde ne retrouva pas la paix, il mourut le 8 novembre 1948 d’une congestion cérébrale et ne put réaliser que 43 tableaux sur 45… On glissera toutes les esquisses, qui lui avaient servi de base pour ses peintures, dans son cercueil.
Malgré ses problèmes oculaires, il ne mettra jamais de lunettes quelle que soit la finesse de ses peintures “j’ai commencé par peindre à plat puis de plus en plus fortement en relief, même sur verre ; à des étoiles, j’ai fait jusqu’à 1500 points à l’heure”.
Tableau de Crépin 1942. Photo source : mutualart.com.
Ces tableaux représentent des temples et des palais colorés où sont parfois représentés des personnages et animaux fantastiques.
Ce sont également des mandalas ou figures géométriques. Sa peinture utilise des motifs symétriques et des ornements rappelant l’art romano-byzantin ou oriental. Les motifs sont “perlés”, il dépose sur la toile des centaines de gouttelettes de peintures brillantes qui donnent du relief au dessin et le rythment, sa technique reste secrète.
Nous noterons beaucoup de points communs entre Joseph Crépin et Augustin Lesage : même âge, même région, tous deux issus d’un milieu modeste, guérisseurs, guidés par les “voix”… Ils se rencontrent dans le milieu spirite au début des années 30. Vous noterez également des similitudes graphiques au niveau de leurs tableaux (symétrie, temples, technique du point, couleurs…). Seule la taille de leurs tableaux diffère (Lesage faisant des tableaux immenses).
Tableau de Joseph Crépin | Tableau d’Augustin Lesage |
Jean Dubuffet découvre ses œuvres en 1946 lors d’une exposition de peintres spirites à Paris, où il acheta des tableaux pour sa collection d’art brut, et les fait découvrir à André Breton, qui en acquiert également plusieurs peintures qui l’accompagneront toute sa vie.
Certains pensent que ses tableaux ont un pouvoir magique et bénéfique. Aujourd’hui ses tableaux se vendent entre 4 et 6000 euros… Malheureusement il n’est plus là pour en profiter mais je pense que sa motivation était autre que l’argent !
N’hésitez pas à vous rendre au musée d’art moderne le “LAM” de Villeneuve d’Ascq pour découvrir ses tableaux.
Sources :
Wikipédia : FLeury Joseph Crépin
Art-maniac.over-blog.com
Spirite.free.fr
www.moreeuw.com
Pour écouter un morceau de sa fanfare :
http://richardcuvillier.blogspot.com/2009/02/fleury-joseph-crepin-1875-1948.html