“Il fallait être peint pour être un homme”.
C.Lévis-Strauss
Cette semaine, Nous vous entraînons dans les méandres d’une pratique qui remonte à la nuit des temps!!
Le body painting ou la peinture corporelle!!!
Est-elle une simple parure?
Une trace d’identité culturelle?
Ou a t-elle un rôle rituel?
Loin d’être une pratique anodine, elle reflète, pour certains, une pratique liée à la spiritualité, la recherche identitaire ou encore au discours.
Les origines :
L’art de la peinture corporelle (ou body painting) remonte à l’aube de l’humanité, elle est l’une des premières formes d’expression artistique utilisée par nos ancêtres .
Reconstitution de peinture corporelle préhistorique :
Nos ancêtres du paléolithique, en découvrant le charbon de bois, la craie, le jus de baies coloré, le sang et autres pigments, les ont sans doute d’abord utilisés comme peinture de guerre pour impressionner leurs adversaires, ou comme signe identitaire à l’intérieur de la tribu, ou encore comme camouflage pour la chasse.
Peinture corporelle ethnie l’Omo :
Quasiment toutes les sociétés tribales ont pratiqué la peinture corporelle grâce à l’argile ou au charbon de bois. Elle est utilisée lors de cérémonies rituelles religieuses, festives ou identitaires.
Danse des squelettes, Afrique :
Lorsque l’homme applique ces pigments sur son corps pour affirmer
son identité, il est alors l’instrument d’une transformation éphémère.
Il permet de rentrer dans un nouveau groupe social ou un nouvel état, en définissant ainsi l’appartenance à une communauté ou une position rituelle.
Peintures corporelles “Indien Hopi” :
Séance peinture Kayapo:
La peinture corporelle est encore présente aujourd’hui, dans certaines tribus ou groupes d’individus, sur presque tous les continents.
Signification :
> La représentation de soi :
Le caractère non définitif et donc la possibilité de renouveler à l’infini les motifs et leur symbolique, nous donne ainsi les prémisses d’une recherche identitaire (à l’inverse du tatouage et de la scarification, qui eux, sont définitifs).
Peintures corporelles amérindiennes :
Festival pascuans (île de Pâques) :
Peintures corporelles africaines :
Peinture corporelle ethnie bororo, Niger :
La peinture corporelle peut être, dans certains cas, le symbole d’une lutte politique, comme ce fût le cas pour la musique et les peintures tribales du nigérien Fela Anikulapo kuti (1938-1997).
Elles symbolisèrent la contestation des autorités morales et politiques de son pays. C’est le rapprochement de l’art de la peinture corporelle et du discours des luttes contre toutes les oppressions. Cliquez ici pour écoutez
Le corps “identité » devient corps
“discours”…
Dans les sociétés amérindiennes, africaines, les peintures corporelles doivent être lus comme des messages. La peinture corporelle est comme une carte géographique qui identifie le porteur à un groupe socio-culturel.
Brahmane, et shaman , Inde et Amazonie :
Pour les aborigènes d’Australie et certaines tribus d’Afrique, associée à la danse, la peinture devient le moyen de communiquer avec les ancêtres. Elles deviennent sacrées et extrêmement codifiées.
Chez les aborigènes, la peinture corporelle a des graphismes différents selon qu’il s’agisse d’un rituel funéraire (dominance du blanc symbolisant la mort et les esprits) ou qu’il s’agisse de représenter son appartenance à un clan (graphismes plus complexes et chargés de symbolisme). La technique et les pigments qui sont utilisés sont identiques à ceux utilisés pour la peinture sur écorce.
Chez les Manja, au sud du Tchad, les peintures corporelles sont utilisées par les jeunes hommes qui s’enduisent de noir, puis se peignent mutuellement des motifs en blanc et noir lors de leur initiation.
En Afrique du nord et en Inde, le henné est utilisé lors de cérémonie de mariage ou religieuse.
Bras et mains ornés de henné Inde, Cachemire, Afrique du nord :
Dans les collines du Nuba Soudanais, la décoration faciale est élevée à un haut niveau d’exécution. Elle est un uniforme qui régie chaque tranche d’âge et n’est qu’exécutée que par les hommes de 17 à 30 ans.
Peintures corporelles de la tribu nouba :
L’art de la peinture corporelle devient alors un moyen de communication qui passe par la création artistique.
Décoration faciale, Afrique :
En Amérique du sud, les peintures corporelles sont des plus élaborées. Elles évoluent avec le statut d’un individu tout au long de sa vie et dans certaines traditions, elles deviennent un langage initiatique.
La symbolique des couleurs :
Comme nous l’avons vu plus haut, les pigments utilisés peuvent être d’origine minérale, animale ou végétale.
Les couleurs universellement les plus importantes sont le rouge (ou brun), le noir, le blanc et l’ocre.
Ornement corporel africain :
Décoration faciale amérindienne :
Dans toute l’Afrique, les racines de padouk donne un rouge vif fréquemment utilisé pour les cérémonies traditionnelles.
Femme papou Nouvelle Guinée :
Le blanc (rare donc hautement puissante) obtenu avec de l’argile est
lui associé à la purification et au deuil, la mort ou les esprits.
Peintures corporelles aborigène et tribu de Nouvelle Guinée :
L’ocre est lui associé au sang et symbolise la force vitale et la fécondité.
Ornement facial enfant Kayapo , Brésil :
Le noir, lui, est associé essentiellement au chaos primordial et à la nuit, il symbolise le néant.
Peinture corporelle et ornement facial Kayapo :
Comme on peut le voir sur les photos, les motifs peuvent être spectaculairement colorés et élaborés, avec des graphismes aussi variés que complexes.
Peinture faciale ethnie Shuar, équateur :
Les motifs sont renforcés par leur pouvoir rituel, ou simplement il remplissent parfaitement la fonction que ces tribus leur confèrent.
La peinture corporelle, qu’elle soit un mode de communication, un rituel magique, guerrier ou ornementale, est la manifestation de la créativité et de l’imaginaire commun à toute l’humanité depuis la nuit des temps…
“Si la peinture corporelle est le premier geste ornemental de l’humanité, la mode aujourd’hui n’aurait-elle pas tendance à appauvrir cette symbolique en limitant le côté rituel…?
Nous découvrirons, ensemble, qu’il y a pourtant de nombreux points communs entre les peintures corporelles tribales d’hier et le body painting d’aujourd’hui…
Pour en découvrir tout les aspects, non moins spectaculaires, lisez cet article…”
Sources :
wikipedia.org,
rezoscience.org,
bodeideicamp.fr
Et je vous rappelle que toutes ses terres colorantes ont aussi des vertus médicinales ! A commencer par protéger des parasites ou aider à la cicatrisation…
magnifique article
merci manue
Très intéressant, merci. Je recherche des informations sur les différents types de pigments (origine, type de minéraux, plantes et animaux utilisés, notamment les jaunes, oranges, rouges et bleus ), si vous avez des informations là-dessus, je suis preneur ! Merci
malheureusement mathias nous n’avons pas plus d’informations à ce sujet pour le moment 😉
merci une mine d’ or!
A noter que chez les Mursis (qu’on voit apparaître à plusieurs reprises dans cet article), la peinture est pratiquée quotidiennement par les ados sans aucun autre but que celui de s’amuser et être beau… ce qui rend la chose d’autant plus belle.
merci janus pour la précision apportée, la spontanéité apporte une dimension différente et une fraîcheur à la beauté surtout en peinture qu’elle soit corporelle ou non 😉
Etes-vous sûr qu’il s’agit de l’Afrique pour les deux photos « danse des squelettes »? On dirait les Simbu de PNG lors d’un sing-sing.