Objet de culte sacré, de méditation, le mandala fut également introduit en psychologie par le psychiatre suisse Carl Gustave Jung.
Découvrons ensemble son rapport avec l’inconscient, le travail sur soi et son utilisation en thérapie.
Qu’est ce que le mandala?
Nous l’avions déjà abordé dans un article complet portant sur son utilité sacrée, ses origines, ses différentes représentations… Vous pouvez retrouver cet article ici.
Mais une petite piqûre de rappel ne fait jamais de mal…
Le mot « Mandala » désigne, à l’origine, les dessins en cercle réalisés par les moines bouddhistes, supports de méditation et d’expression du sacré. C’est un mot sanskrit qui veut dire « cercle, centre, unité, totalité”.
Il s’exprime dans un dessin circulaire, convergeant vers un centre porteur d’infini. Dans la tradition orientale, le cercle représente le »Divin », sa manifestation, sa création.
Le cercle apparaît de bonne heure dans l’histoire humaine, dans la mythologie égyptienne, chez les Amérindiens dans leur modèle d’orientation, les calendriers maya, le zodiaque ; dans les rituels religieux, les derviches tourneurs, les mandalas tibétains, les labyrinthes des cathédrales ainsi que les rosaces…
Ce symbole du cercle et donc du mandala se retrouve dans toutes les religions, cultures et toutes les traditions, tant occidentales qu’orientales. Le cercle est le symbole de la vie : la naissance, la maturité, la mort et la résurrection ou la renaissance.
On le retrouve également partout dans la nature : pépins d’une pomme autour de son centre, anneaux de croissance dans un tronc d’arbre, toile d’araignée, nid d’oiseau, cristaux d’un flocon de neige, onde concentrique créée par une goutte d’eau tombant dans une flaque, les tornades, les pétales d’une fleur ou les éléments d’un kaléidoscope lorsqu’on l’anime…
Pratiquement tout, autour de nous, est circulaire ou MANDALA. L’atome, la terre, l’univers sont des MANDALAS. Notre œil, MANDALA lui-même, nous fait depuis toujours percevoir les choses de façon circulaire et porte notre regard en un point central.
Tout ça est encodé dans nos cellules. C’est pourquoi nous avons naturellement tendance à réagir à la forme circulaire.
Et ces faits sont communs à tous les êtres humains de tous les temps, mêmes modernes
Le mandala et l’inconscient : un outil thérapeutique
Le mandala, c’est d’abord un centre, puis des motifs concentriques rayonnant vers l’extérieur.
> Le centre, c’est la concentration, le soi, la naissance, le début, et la fin aussi…
> Autour du centre, les autres cercles symbolisent l’organisation de nos relations au monde.
> Le carré qui souvent enclot le mandala est notre réalisation dans le monde.
Depuis des milliers d’années, la création et la contemplation de mandalas sont utilisées soit pour la méditation en tant que rituel sacré chez les moines bouddhistes, soit en tant qu’outil thérapeutique pour se découvrir soi-même et se guérir comme chez les chamans amérindiens.
Mandala réalisé à même le sol par les Amérindiens (principalement les Navajos) au moyen de sables colorés.
Cette peinture est essentiellement destinée à des séances de guérison et donc détruite dès la fin du rite, elle ne vise pas l’esthétique mais l’efficacité thérapeutique. En général, le chaman fait asseoir le malade au centre du tableau qui constitue un espace sacré. Ceci pour lui permettre d’accéder au monde des Esprits afin de leur demander la délivrance de son mal.
Gustav Jung (médecin, psychiatre, psychologue et essayiste suisse 1875-1961)
C’est le célèbre Carl Gustav Jung qui a « importé » le Mandala en Occident en l’utilisant comme un outil thérapeutique avec les schizophrènes. Cette pathologie ayant pour particularité le morcellement du Moi et de la conscience, le Mandala intervenait pour unifier la conscience, et calmer l’esprit tourmenté.
Dessiner c’est projeter sur le papier notre état psycho-affectif dans l’instant « t ». Quand tout est sens dessus dessous dans notre tête, réaliser un mandala permet tout simplement de « ranger » le mental, faire le tri, de pacifier.
Jung découvrit que le mandala est un puissant support de croissance et de transformation, un symbole de la totalité.
Il s’en servit pour explorer son propre psychisme, puis celui de ses patients. Jung étudia le mandala dans toutes les cultures et parvint à la conclusion qu’il s’agissait d’une “forme archétypale universelle”, soit d’un symbole universel.
Il remarqua que dans l’inconscient, nos expériences et nos rêves se fondent en “motifs archétypaux symboliques” que nous pouvons utiliser dans notre croissance lorsque nous apprenons à en percevoir le sens.
“Il considérait les mandalas créés spontanément comme des tentatives inconscientes
de guérir notre être intérieur, de mettre de l’ordre dans notre psyché.”
Il voyait la création spontanée de mandala comme une tentative d’exprimer soit la totalité de l’individu dans son expérience du monde, soit son point essentiel de référence. Il pensait que ce n’est que lorsque nous sommes disposés à faire face à nos peurs et nos démons, que nous pouvons commencer à effectuer les changements nécessaires pour enclencher un processus de transformation et ramener, grâce à la réalisation de mandalas, le calme et l’ordre dans nos états mentaux.
Chaque image de mandala dessinée spontanément, est un reflet de notre état intérieur et de notre place dans le monde puisque nos états d’âme et nos conflits intérieurs peuvent s’exprimer par des formes et des couleurs. Si nous voyons apparaître au cours de notre création des sentiments refoulés depuis longtemps, nous devons les laisser s’exprimer dans l’attente des forces créatives qui vont nous remplir, petit à petit, d’énergie positive au fur et à mesure de nos dessins. En effet, la structure du mandala est telle que notre regard attiré vers le point central va permettre à notre conscience de se laisser aller vers son monde intérieur apaisé où toutes les choses extérieures perdent leur importance.
Après trois années de questionnements, d’une très longue nuit personnelle, il peint son premier mandala en 1916 : “Systema munditotuis”
Avec le mandala et bien d’autres exercices psychiques, Jung commençait à trouver le moyen de se reconstruire ; dessiner devenait, en dehors de toute considération artistique, un support d’introspection, une photographie de son état quotidien, et en même temps une image prospective de ce qui était en train d’advenir.
Il écrit dans la période de 1918 à 1919 :
– « Tous les matins, j’esquissais dans un carnet un petit dessin en forme de rond, un mandala, qui semblait correspondre à ma situation intérieure. En m’appuyant sur ces images, je pouvais observer, jour après jour, les transformations psychiques qui s’opéraient en moi… Ce n’est que lentement que je trouvai ce que signifie à proprement parler un mandala : Formation, Transformation. »
Considérant le mandala comme une représentation du soi et du monde, il s’en servit pour explorer son propre psychisme :
– « Il devint de plus en plus évident pour moi que le mandala est le centre. C’est le modèle de toutes les voies. C’est la voie qui mène au centre, à l’individuation. »
De nos jours?
Depuis, le Mandala est utilisé dans l’Art-thérapie, le développement personnel, la psychothérapie… Ses vertus font l’unanimité : recentrage, calme intérieur, connaissance de soi, apaisement, restructuration psychique…
Il y a différentes façons de travailler avec le mandala :
- Choix d’un Mandala existant et coloriage de celui ci (les contours sont déjà tracés)
- Réalisation complète (avec compas, règle, et couleurs pour l’intérieur)
- Dessin circulaire intuitif à main levée. (On parle ici de Mandala Intuitif)
- Observation d’un Mandala déjà existant pour encourager l’état de méditation…
Un aspect important : il n’est pas nécessaire de savoir dessiner. Pratiquer le Mandala, c’est un moment de présence à soi, d’acceptation de nos forces et de nos faiblesses. C’est reconnaître et remercier notre Enfant Intérieur, c’est aussi lui permettre d’exister un peu plus et de tenir les rênes de temps en temps.
Dessiner un mandala, c’est se donner le temps d’aller vers notre espace le plus intérieur, puis explorer symboliquement ce qui nous relie aux autres et au monde. Ce temps de concentration, qui laisse à l’inconscient la possibilité de s’exprimer par des images et des symboles est un outil de connaissance de soi.
Par la paix que procure sa réalisation, il nous rapproche de l’harmonie.
Jung disait des mandalas qu’ils procuraient :
« Une sensation de paix intérieure, de réconciliation, d’ordre au milieu du chaos ».
Ouvrirez vous votre conscience en affûtant votre regard sur un mandala?
Nous vous invitons à découvrir ou redécouvrir les “Mandalas Humains” créés par Hélène.
Sources :
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