C’est avec régal que nous avons découvert et dévoré ce film-documentaire, qui avait pour objectif de présenter le processus de création de Picasso.
C’est avec grand plaisir que nous le partageons cette semaine avec vous !
Découvrez en images et vidéos : Le mystère Picasso …
En mon sens, voici une performance des plus importante à connaître !
Car c’est en voyant faire qu’on apprend le mieux.
C’est en 1956 que Picasso demande à son ami “Henri Georges Clouzot” de réaliser un film qui dévoilera au public son processus de création.
Ainsi nous voilà quasiment 60 ans en arrière, dans son atelier, comme témoins de son geste, de sa technique et de sa personnalité artistique.
Mis dans l’ambiance, la voix off nous révèle la démarche de Picasso :
“On donnerait cher pour savoir ce qui c’est passé dans la tête de Rimbaud quand il écrivait le bateau ivre, dans la tête de Mozart lorsqu’il écrivait ses symphonies…
Quel mécanisme secret guide le créateur dans son aventure périlleuse?
Ce qui est impossible pour la poésie et la musique, l’est pour la peinture !
Pour savoir ce qu’il se passe dans la tête d’un peintre, il suffit de suivre sa main. Le peintre marche, glisse sur la corde raide. Une courbe l’entraine à droite, une tâche l’entraine à gauche… Si il rate son rétablissement, tout bascule, tout est perdu !
Le peintre avance en tâtonnant comme un aveugle dans l’obscurité de la toile blanche. Et la lumière qui naît peu à peu, c’est le peintre qui la crée, paradoxalement en accumulant les noirs. Pour la première fois, ce drame quotidien et confidentiel de l’aveugle de génie, va se jouer en public puisque Pablo Picasso a accepté de le vivre aujourd’hui devant vous, avec nous”
C’est alors que s’enchaîne une série de tableaux sous nos yeux et en musique.
Tout d’abord au marqueur noir …
… au fusain,
puis à l’encre de couleurs,
avec des collages…
pour finir par la peinture à l’huile.
Exemple d’évolution de tableau à l’huile
On peut tantôt le voir peindre, tantôt nous sommes de l’autre coté de la toile, où seul l’évolution du trait apparaît! Picasso peint sur des plaques de verre, en direct, ou en séquences accélérées, ce qui nous permet de voir en 5 minutes une partie des changements qu’il a pu effectuer pendant 5 heures sur une toile.
A ce sujet, on le voit peindre une chèvre, du dessin noir jusqu’au couches successives d’huile qu’il pose avant de trouver la bonne direction et de terminer son tableau. A ce moment précis Clouzot dira :
– “je suis embêté, tout le monde va croire que tu as fait ça en 10 minutes”
– “Combien de temps j’ai mis?”, lui répondit Picasso,
– “ 5 heures”,
– “Et bien comme ça tout le monde le sait!” conclura Picasso avec humour.
On devine pendant la progression de chaque toile, qu’il ne sait pas ou peu où il va, ce qu’il veut faire (ce qui est assez rassurant pour nous!), tant il recommence de plus belle… Il débute chaque dessin de manière différente…
Démarrée avec humour, la toile se termine parfois avec un air grave. Surchargée de détails, il fait disparaître la quasi totalité en quelques coups de pinceaux et donne une toute autre direction à son dessin. Comme par exemple lorsqu’il réalise un poisson qui devient poule, le caméraman lui indique qu’il ne lui reste que 5 minutes de pellicule, alors dicté par le temps, en quelques coups de pinceaux, la poule bascule en diablotin (voir cette vidéo ici).
La plupart des peintures ont ensuite été détruites afin qu’elles n’existent que sur le film, bien que certaines aient survécues. J’ai lu également que Picasso n’aurait pas pu aller au bout de sa démarche, n’aurait pas pu tout montrer comme il le souhaitait…
J’ai tenté avec beaucoup de difficultés, de vous trouver des extraits vidéos du film sur le net (suppressions de toutes les vidéos, une par une, cause droit d’auteur)… Je ne peux que vous inviter à vous procurer ce film afin de vous en imprégner !!! Pour vous donner un courte idée du rendu, voici le teaser du film, mais celui-ci ne reflète pas bien le film je trouve…
“Poussées par l’envie d’aller toujours plus loin, de savoir retranscrire un sentiment, une émotion, un message sur la toile, il nous fut enrichissant de savoir comment Picasso, lui même, avait vécu cette chose là.
Il nous sembla être libéré pour réussir à dessiner à l’aveugle avec une telle spontanéité, se fichant presque du rendu final… Merci à lui de nous avoir permis de l’observer pendant ce moment si intime”
NB : apparemment un autre film précéda celui présenté ici (“visite à Picasso” – film documentaire belge de 1949 réalisé par le cinéaste belge Paul Haesaerts).
Sources :
le mystère de Picasso – film d’Henri Georges Clouzot.
Wikipédia
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