« Ce serait avoir une faible opinion des civilisations antérieures que de supposer que tout ce travail immense et minutieusement détaillé, réalisé avec une consciencieuse perfection, avait comme unique finalité le service d’une superstition primitive ou un culte stérile. Au contraire, nous avons ici le témoignage à grande échelle et unique dans le monde du premier éveil des sciences exactes au sein de l’évolution de l’humanité, un effort gigantesque de l’esprit primitif qui se reflète dans la grandeur de l’exécution sous le ciel vaste des plaines immenses et solitaires, balayées par le vent et grillées par le soleil. »
Maria Reiche
Le peuple Nazca surtout connu pour les géoglyphes tracés dans le désert au sud du Pérou, est une des civilisations les plus énigmatiques du continent. Aujourd’hui, j’aimerais vous faire découvrir un univers encore trop méconnu… La culture Nazca, leur religion, leur art, et le mystère qui entoure, encore aujourd’hui, leur incroyable créativité pleine de démesure.
Origines du peuple Nazca :
Le nom de Nazca est dérivé du nom contemporain du lieu où cette civilisation existait, dans une région semi-désertique située entre le sud du Pérou et La Cordillère des Andes, le nom d’origine reste inconnu.
La civilisation Nazca est l’une des cultures pré-incaïques qui évolua entre –200 av JC et 600 après JC. Cette culture se développa à partir de la culture appelée Paracas qui évolua ,elle, à l’époque que l’on appelle “Horizon ancien” ou “Chavin”.
L’influence Nazca s’étend à l’époque, de la côte pacifique jusqu’à l’est des Andes. Depuis les travaux de Dieter Eisleb, l’histoire de la culture Nazca se divise en 4 Ages :
> Le Proto-nazca qui se situe entre 200 et 100 av JC, elle succède à la civilisation Paracas,
> Le Nazca initiale qui se situe entre 100av JC et 200 après JC,
> Le Nazca moyen qui se situe entre 200 et 300 après JC,
> Le Nazca tardif qui se situe entre 300 et 600 après JC.
Ils vivaient d’agriculture intensive dans la vallée du Rio Grande de Nazca et la vallée d’Ica.
De part le climat semi-désertique et l’absence chronique d’eau, ils développèrent un système d’irrigation ingénieux, fait d’aqueducs et de puits profonds en spiral appelés “pocios” qui sont encore utilisés de nos jours.
Afin de maximiser l’espace des cultures agricoles, ils habitaient à la lisière du désert, dans des huttes aux toits de chaume. Celles-ci regroupées en petit village autour de pyramides qui servaient de sanctuaire( pyramides adobes).
Il pratiquaient la pêche (le phoque), la chasse, le tissage, la céramique, et avaient des notions de médecines chirurgicales.
Ils étaient coiffés de turbans qui déterminaient leur rang social.
La cité enfouie de Cahuachi, les dieux, les croyances et les rituels.
La cité enfouie de Cahuachi
Le centre religieux est Cahuachi, à environ 6km de l’actuelle Nazca, pendant les cinq premiers siècles de notre ère. Cet endroit était le centre névralgique de la vie spirituelle Nazca. En effet les recherches archéologiques ne découvrent aucunes traces d’activités de vie quotidienne,
le site compte pas moins de 40 buttes pyramidales surmontées pour certaines de structure en “adobe”.
Les plus grandes pyramides comportaient 6 terrasses de plus de 20m de hauteur. Ce site connu un déclin brutal vers 350 de notre ère, suite à de nombreuses catastrophes climatiques tels que séismes, inondations. Les Nazcas perdirent, de fait, leur confiance en leurs prêtres et leurs dieux.
Avant d’abandonner la cité, ils prirent soins de l’ensevelir de manière rituelle, appliquant une couche d’argile sur les bâtiments, ce qui permis une excellente conservation (malgré les pillages) à travers les siècles jusqu’à nos jours.
C’est près de cette cité que l’on trouve le plus grand nombre de géoglyphes.
Les créatures mi-homme mi-animale :
Le panthéon Nazca, était peuplé de créatures surnaturelles et hybrides.
Celle qui est la plus représentée au début est un être anthropomorphe appelé “Demon Chat”, c’est “l’être mythique premier” selon Donald Proulx. La créature masquée au visage mi-félin mi-homme, habillée d’un manteau de pointes, d’où il peut en sortir soit des herbes, soit une tête trophée d’ennemis décapités. Dans ses mains il tient soit des herbes, soit des têtes coupées ou encore une massue.
Il y a aussi nombre de créatures marines toutes aussi puissantes, comme la “baleine tueuse” (sans doute un requin) qui, elle aussi, tient une tête trophée ainsi que la loutre marine ou de rivière, appelée aujourd’hui “Chat tacheté mythique”.
On y trouve aussi une créature appelée “l’oiseau horrible” qui est un rapace anthropomorphe, “l’oiseau harpie”, “la créature serpent”,” le singe mythique”.
Au milieu de tous ces êtres hybrides, 2 créatures humaines se démarquent, appelées “le moissonneur” qui tient dans sa main des plantes et porte un bonnet pointu et “le Dieu au bâton dentelé” qui lui porte une flèche éclair. Selon Anne-Marie Hocquenghem, la religion Nazca représente, dans un style qui leur est propre, toutes les croyances religieuses, les rites, les mythes… Communs à l’époque précolombienne et à toutes les populations des Andes Centrales.
Les rituels sacrificiels :
“Pour les Nazcas, la mort est une sorte de renaissance, une transition qui mène à une nouvelle destination”.
Christina Conlee, archéologue
Les Nazcas, comme on a pu le deviner ci-dessus, pratiquaient le sacrifice rituel lors de cérémonies religieuses. ils pouvaient être de 2 types.
> Le premier est le sacrifice par décapitation d’ennemis, ils sont, alors, “des têtes trophées”. Ils ont deux trous permettant de les suspendre.
> Le second était le sacrifice de volontaires (aucunes traces de lutte n’ont été découvertes sur les ossements par les archéologues), ces derniers auraient eu le pouvoir de ramener l’eau en échange de la perte de la vie. Ces têtes étaient alors données en offrandes.
Les morts étaient enveloppés et enterrés en position assise, sans boite crânienne. A coté, on trouvait une poterie représentant la tête avec de la végétation qui y pousse, symbolisant la renaissance.
Les Nazcas pratiquaient aussi la déformation crânienne, obtenue grâce à un déformateur de crâne fait en cuir, que l’on apposait sur le crâne des enfants pendant une année. Cette modification corporelle avait, vraisemblablement, plus un but esthétique que religieux.
L’art de la céramique et du tissage :
Le tissage
Les Nazcas sont aussi très connus pour leur textile brodé et tissé.
Les thèmes et les motifs sont ceux que l’on retrouvera par la suite sur les céramiques. Fait de laine de lama, d’alpaga, mais aussi de coton (grâce au développement de l’irrigation).
Ils pouvaient contenir des éléments non textile comme des plumes ou des aiguilles de cactus. La teinture était d’origine végétale ou animale(avec des chenilles pilées). L’urine servait de fixateur pour les pigments.
Ils poussaient la magnificence au paroxysme avec des ornements tridimensionnels et polychromes, des franges anthropomorphiques utilisées pour des manteaux ou des tapisseries.
La céramique
L’art de la céramique chez les Nazcas est très connue par son originalité, son extrême finesse, pour la sophistication technique nécessaire à leur exécution, et surtout pour le symbolisme des motifs. Il s’agit surtout de gobelets, de récipients à double goulot, de vases et de bols.
Cet art évolua durant des siècles en fonction de la période où les céramiques sont conçues.
De facture simple durant la période Nazca initiale, peu colorées. Elles évoluèrent durant le Nazca moyen et le Nazca tardif vers une sophistication des motifs et des couleurs, utilisant le plus souvent le rouge, le jaune, le violet mais aussi le noir et le blanc.
Les motifs d’abord d’inspiration mythique Paracas,où l’ on retrouve beaucoup d’animaux mythiques.
Mais le principal thème reste naturaliste (animaux, fruits, végétaux,…)
Par la suite le style évolua vers plus de réalisme, abordant le panthéon religieux avec des démons et des têtes sans corps.Elle évolua avec, l’apparition de personnages militaires et de portraits. Cette période coïncida avec l’abandon de la cité de Cahuachi.
L’influence d’autres cultures comme les Mochicas et les Tiahuamaco, donna un style beaucoup plus abstrait et de figures disjointes. Cette évolution n’est pas à ce jour encore déchiffrée.
A l’approche de la disparition des Nazcas vers 600, les céramiques devinrent moins riches.
Les poteries de Cahuachi sont, elles, exclusivement réservées à l’usage cérémoniel et leur style et les motifs sont codifiés par les règles strictes édictées par les prêtres.
A suivre… “Le mystère des géoglyphes du désert de Nazca”
A bientôt !
Sources :
wikipedia.org
nazcamystery.com
zigs-zarts.blogspot.fr
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